Autoportrait à ma Grand-Mère

Pendant plusieurs années, Patricia Allio a écrit un texte où elle s’adresse à Julienne Le Breton, sa grand-mère maternelle originaire du Morbihan. Au détour de restitutions de conversations qu’elle a enregistrées dans la voiture ou le long du Canal de Nantes à Brest, de souvenirs, d’anecdotes, elle soulève la question de l’héritage paradoxal, notamment sous forme de honte de soi, de déni et de culpabilité. L’auteure interroge notamment le poids de la honte liée à la langue maternelle interdite, le breton.
« Heureusement que quelqu’un a eu l’idée de faire des photos, sinon on n’aurait jamais rien vu. »
C’est ce que la grand-mère bretonne de l’artiste Patricia Allio lui confie. Tandis que la mémoire s’étiole, les photographies provoquent des réminiscences et sont autant de jalons dans cette enquête identitaire transgénérationnelle. Le portrait devient un autoportrait. Travaillant sur la mémoire et sur sa matérialisation sensible, seule en scène pour la première fois, Patricia Allio explore une question politique intemporelle : celle de de la transmission, touchant des endroits aussi intimes que partagés par chacun d’entre nous.